Par Jacynthe

J’ai été conçue et j’ai grandi les 18 premiers mois de ma vie chez mes grands-parents maternels lorsque mes parents se sont mariés. Ma mère était à sa 1^ère année d’enseignement à l’école du village de Bourget, Ontario et mon père terminait ses études à « l’école normale » .

Lorsque plus tard ma famille nucléaire et moi y allions en visite, plus souvent qu’autrement, des fins de semaine durant, je me souviens que je m’y sentais comme chez moi.

J’avais une connexion spéciale avec mon grand-père particulièrement. À un jeune âge respectif, ma grand-mère, due à une hyperthyroïdie non-soignée à temps, a démontré des signes précoces de démence. Elle était dans la cinquantaine quand elle a été transférée dans un hôpital psychiatrique (Brockville, Ontario). À l’époque, à moins d’être bien nanti, il n’y avait pas de résidences pour personnes en perte d’autonomie. Mon grand-père a longtemps fait ce qu’il a pu afin de s’occuper de ma grand-mère. Même s’ils demeuraient au village, mon grand-père continuait de s’investir avec mes deux oncles dans la ferme qu’il a continué de faire fructifier avec ses idées novatrices d’exploitant. Mes grands-parents ont de fait résider dans la maison intergénérationnelle incluant mes deux oncles et leur famille jusqu’au moment où ils ont décidé de se faire bâtir une maison au village.

Ça a toujours été une joie de rendre visite à grand-papa qui nous accueillait littéralement à grands bas ouverts et qui nous accueillait en plus avec ses bons plats mijotés. Mon grand-père Leroux était à mon avis le meilleur cordon bleu et le meilleur jardinier du village. Il avait été « cook » dans un camp de bûcheron dans son jeune temps. Il effectuait entre autre la meilleure croute de tarte au monde. Encore à ce jour, mon frère, ma sœur et moi estimons qu’elle est imbattable. Nous n’en n’avons jamais goûté d’aussi bonne.

Et c’était un bonheur également de l’héberger chez nous. Il est venu vivre avec nous, entre autre, lorsqu’il a participé à la construction de l’école primaire St-Gabriel (Cardinal Heights, Ontario; quartier à l’est d’Ottawa où mon frère, ma sœur et moi avons grandi). C’était d’autant plus spécial puisqu’une partie de la cour d’école était mitoyenne avec notre cour arrière. Donc, j’ai vu mon grand-père gravir les échafauds de construction et monter sur le toit en signe de victoire et de réussite une fois la construction terminée.

Maman, à mon tour, de ma fille aînée, je me souviens que mon grand-père m’ait dit « Tu sais Jacynthe, les enfants sont notre plus grande richesse ». C’est comme cela que mon grand-père me faisait sentir : comme la personne la plus importante pour lui au monde.

Un jour je serai une personne dite âgée et il est planifié que je retourne aux sources. Une de mes filles m’a offert de demeurer avec elle dans une maison intergénérationnelle.